Erica WORMS
25 ans | Humaine | Princesse héritière du trône d'Isthar
“ Tu peux pleurer petite princesse, il est inutile de te retenir.
Tu ne te feras que toujours plus de mal ainsi.”
La première fois que je t’ai aperçu, tu avais déjà cette malice et cette douceur que tu portes toujours dans ton regard et dont tu couves chaque être passant devant toi. Alors en ce temps petite fille innocente dont la toile était encore vierge des tracas de l’existence, tu n’étais que joie et rire, animée par un amour inconditionnel pour le monde et pour tous les êtres qu’ils portaient en son sein.
Voir une telle bonté naturelle émanée d’un seul être ne peut que laisser qu’une légère sensation de fraîcheur aux côtés de ceux autour de qui tu évolues, comme si de ton être émanait les effluves d’un printemps renaissant paré de milles couleurs et des battements de la vie.
T’observer est comme admirer une rose aux couleurs inimaginable évoluer dans un immense jardin parcouru de milles et une espèces chéries par cette petite fleur.
Pourtant, derrière cette pureté de l’enfance se pressentait déjà les prémices d’une noblesse démesurée qui m’a poussé à m’incliner devant, alors pour moi, un si petit être dénuée de toute influence de ce monde et dont le propre astre solaire, centre de l’univers et objet de pensée principal, se résumait à cette petite famille.
Comment aurait-il pu en être autrement ? Tu étais alors si jeune qu’il aurait été impensable qu’un tableau si parfait, à la fois poétique et harmonieux, se déchire.
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Puis une disparition, une fêlure et tout se brise.
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C’était la déchirure de ce tableau que vous tous, les Worms, projetaient avec toute la joie du monde, alors comme un exemple pour la nation.
Mais le bonheur éternel n’a jamais existé ma Dame, je peux vous l'assurer…
Une existence, aussi belle soit-elle, finira forcément brisée à un moment donné. Mais rien ne t’empêche de tracer un nouveau trait de toi-même.
Tes cadets étaient alors trop jeunes, encore les deux pieds dans l’enfance et ton propre père ne pouvait supporter seul cette douleur si intense de perdre l’unique amour de sa vie. Alors avec un pied dans l’enfance et un autre déjà dans l’âge adulte, tu es devenue celle encaissant la douleur des autres, tes bras sont devenus un cocon d’amour dans lequel les lamentations finissaient par se perdre.
Te souviens-tu ma Dame ?
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Dès lors, l’innocence a abandonné ce corps encore si frêle pour endosser le bouclier des protecteurs. Si tous tombaient autour de toi, alors tu te devais de tenir le coup. Tu en étais la seule capable. Alors il fallait rester forte, ne sois pas triste face à eux, remplacés au mieux cette présence disparue, endosser les responsabilités qui te sont dues.
C’est plus ou moins les mots que je t’ai prononcé ce jour-là n’est-ce pas ? La fois où tes larmes ont coulé dans le creux de tes bras. Mais je te l’ai promis ma Dame, je ne bougerai pas, je l’ai promis il y a de cela bien longtemps.
Tu es forte. Apaise les esprits troublés de ta voix, accueilles les larmes au creux de tes épaules. Tout cela tu l’as toujours eu en toi et tu es parvenue à faire tes preuves. Tes qualités sont là et si certains en doutent, alors nous les dissuaderont de cette opinion. Tu ne possèdes peut-être pas la forme brute de certains, ne manie pas l’art des armes, mais ton esprit est aiguisé comme la plus belle des lames, alors sers t’en pour tous les amener à ta cause et protéger les plus démunis.
Tu es devenu le bouclier de ta famille et de ta patrie.
Ainsi ton destin en fut sceller.
Tu es vouée à aider sans l’être en retour.
Tes pleurs, ta souffrance, ta colère et ta douleur doivent être étouffés.
Mais je resterai toujours là, derrière, et accueillerai ces sentiments dissimulés pour l’éternité.
" - Dis-moi, ai-je réussi à devenir le bouclier des tristesses de ceux qui m’entourent ? Ai-je réussi à protéger ces êtres que je porte dans mon cœur ?
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- Oui ma Dame. Et même si le chemin ne se termine jamais réellement, je pense que vous y êtes parvenus et que vous ferez encore de grandes choses.”
Cette prestance digne d’une reine, le regard d’or perçant les âmes jusqu’à leurs tréfonds, la vivacité d’esprit et l’intelligence digne des plus grands œuvrant pour l’idéal, la grandeur d’un cœur se voulant capable d’aimer le monde entier, une curiosité enfantine persistante, le dévouement sans limite à un peuple, cette malice cherchant toujours à contourner les interdits, l’envie de connaître ce monde et le moindre de ses recoins, d’en explorer chaque parcelle et d’y embrasser chaque palpitation de vie y résonnant dans un orchestre infini.
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Malgré tout, tu restes un esprit libre à qui l’on a malheureusement assigné une tâche bien libre. Un oiseau à qui on aurait occulté la faculté de voler pour se consacrer à son nid. Une rose enfermée dans un vaste bocal.
“ Ma Dame, ou plutôt, ma Reine… Vous avez bien grandi.”